Nominoë
Le jour déclinait dans la campagne normande,
mais je les voyais au loin galoper sous la pluie
remontant la prairie vallonnée,
puis redescendre au même rythme.
Les juments suivaient leurs poulains de quelques jours
qui ruaient maladroitement.
Il y avait dans leurs gestes
une exultation vitale simple et joyeuse.
Ils regardaient leur monde d’un air curieux
abrités par le corps massif de leur mère.
La terre était chaude et humide marquée par leurs jeunes sabots.
L’herbe était grasse et gorgée de perles de pluie aux reflets bleutés.
Ils cherchaient à présent le réconfort
du lait maternel chaud et nourrissant.
Ils saisissaient les mamelles avec vigueur, sans ménagement.
Les juments subissaient leurs assauts sans bouger
Ils n’étaient pas farouches
et je pouvais à présent les approcher
pour toucher leur robe de velours isabelle,
comme pour vérifier que ce spectacle qui me subjuguais n’était pas un mirage.
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