CUMUL DES MANDATS
Cumul
des mandats et professionnalisation du politique
A l’heure où le parti
socialiste exerce une hégémonie inégalée sur l’ensemble des instances
politiques (Métropoles, Départements, Régions, Assemblée Nationale, Sénat, Présidence
de la République), l’observateur peut légitimement être interloqué devant la timidité
du pouvoir à réglementer de manière drastique le cumul des mandats. Certes la
plupart des grands élus au pouvoir aujourd’hui ont été de grands cumulards. Ils
accomplissent en quelque sorte un acte de contrition en avouant leurs fautes au
regard des perspectives d’une démocratie vivifiée et profondément renouvelée. Mais
de nombreux élus renâclent, avancent leurs arguments, résistent en cherchant à
maintenir une position obtenue de haute lutte. L’argument principal, c’est la
compétence acquise par l’exercice d’un mandat local en proximité avec les
problèmes des gens ordinaires. Nous pouvons rétorquer, qu’il n’est pas
nécessaire d’être élu pour comprendre les problèmes des gens ordinaires. Il
suffit de vivre comme et avec les gens ordinaires. D’ailleurs les français,
fréquemment sondés sur ces questions, sont favorables à la limitation du cumul
des mandats et très attentifs à la réduction des privilèges avoués ou occultés.
Nous développons ici
l’idée que la professionnalisation du politique est l’une des clés de compréhension
des pratiques de cumul devenues un véritable sport national. Mais cette
situation de captation des mandats politiques par des élus de gauche et de
droite qui constituent une classe
qui se coopte et se reproduit grâce notamment à la matrice élitiste
« Sciences Politiques / ENA » est contraire à l’esprit de la
représentation publique. C’est à dire la représentation du peuple et l’exercice
du pouvoir par le peuple, définition élémentaire de la démocratie.
Nous pouvons concevoir
le processus de professionnalisation comme l’affirmation d’une expertise ou
compétence légitime reconnue socialement et garantie par un statut. La
profession impose des règles de déontologie, contrôle l’accès aux postes, protège ses prérogatives.
L’acquisition de cette professionnalité d’élu pour l’accès aux places les plus
prisées (adjoint au maire, maire, conseiller général, régional, député,
sénateur) requière un investissement de longue durée, intense, riche de
sacrifice, parfois destructeur de couple et de position professionnelle. La
passion politique peut coûter cher, mais elle peut rapporter gros. La
jouissance du pouvoir et le confort des privilèges de la fonction déconnectent peu
à peu l’élu du monde ordinaire. Il s’enrichit d’expériences multiples, de réalisations
valorisantes, de revenus confortables. Mais ce parcours promotionnel est un
pari risqué soumis au jugement versatile de l’électeur. Dans cette situation,
et c’est bien « normal » mais parfois cela devient
« pathologique » et pathétique, l’élu va chercher à préserver sa
position statutaire et le meilleur moyen reste encore le cumul des mandats,
assurance tous risques de l’élu préoccupé par ses réélections. Il est ainsi
possible dans notre douce France de construire une carrière longue allant de 25
ans à 85 ans, soit 60 années de mandats successifs ou cumulés au service de la Nation
et du bien public. Ajoutons, non sans malice : au service de sa prospérité
et de sa postérité.
Alors que faire devant
ce diagnostic si affligeant ?
Appliquons de manière
stricte le mandat unique, renouvelable une fois !
Mais cette mesure
nécessaire, porteuse de progrès démocratiques doit s’accompagner de la création
d’un véritable statut de l’élu, lui permettant de se former, de se qualifier et
d’anticiper sa reconversion ou son retour à l’emploi (et pas uniquement en
qualité d’avocat d’affaires, titre obtenu avec complaisance par VAE). Autrement
dit, rêvons un peu et plaidons collectivement pour un exercice du pouvoir
partagé entre amateurs éclairés et désintéressés, engagés temporairement au
service du bien public. Car aujourd’hui, en période de récession économique et
d’endettement endémique, la France n’a plus les moyens de se payer une
« 4° fonction publique ».
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