POLARISATION ET SENS DU COMMUN
Dans le prolongement d’une
recherche sur la gouvernance territoriale de l’Economie sociale et solidaire –
ESS- (PENVEN, MUNOZ, 2007) qui a montré les processus de reconnaissance et d’institutionnalisation
de l’ESS par les collectivités territoriales (Région, Départements, Métropoles),
nous engageons aujourd’hui une réflexion partagée et comparative sur la
constitution de régimes territoriaux de l’ESS en Région (ITCAINA, 2015). Les régimes
territoriaux sont définis (ITCAINA, SEGAS, 2010) comme la formation sur un territoire d’un climat
de confiance et de réciprocité, la mise en œuvre d’une gouvernance démocratique,
la construction partagée de problèmes publics et d’intérêt général. A partir d’une
enquête récente[1] sur les réalisations
et les perspectives des Pôles de développement de l’économie sociale et
solidaire à l’échelle des Pays (au sens de la loi Voynet) en Bretagne, nous
proposons d’explorer trois questions triviales permettant de caractériser, du
point de vue des acteurs, l’émergence de « communs ». La première
question, d’inspiration comparative, nous la formulons ainsi :
Pouvons-nous identifier ce qu’il y a de commun entre les 17 pôles ESS financés
par la Région Bretagne ? Autrement dit, à partir d’un même cadrage
politico-financier, de quelle manière les processus d’appropriation et de développement
par les acteurs associés ont-ils permis de bâtir une identité de pôle ESS
commune mais aussi d’affirmer des spécificités locales ? Ensuite, nous
retenons une question plus factuelle : que produisent concrètement les pôles
ESS de commun à leurs membres et plus largement de commun au territoire. Nous
retenons ici une définition des communs considérés comme une construction
sociale (HARRIBEY, 2011) fondée sur la mise en œuvre de « pratiques sociales
qui cherchent à mettre en place une gouvernance collective afin d’assurer l’accès
à certaines ressources et un mode d’allocation de ces ressources entre les
acteurs concernés qui ne repose pas à titre principal sur le marché ou la
redistribution publique » (CORIAT, 2015). Ces ressources territoriales (économiques,
sociales, informationnelles, culturelles) construites et mutualisées par les
acteurs « polarisés » constituent-elles un levier de développement
solidaire ou sont-elles de nouvelles opportunités, voire d’aubaines, pour des
entrepreneurs mobilisés par la promotion de leur propre projet entrepreneurial ?
Enfin, les discours de justification de l’action s’inspirent-ils à présent de
la grammaire des « communs » ? Autrement dit, les cadres
discursifs de l’ESS historiquement fondés sur l’association, la mutualisation,
la coopération sont-ils « contaminés » par d’autres concepts à la
mode et à diffusion virale comme les « communs », « l’innovation
sociale » ou encore le « développement humain durable » ?
Cette enquête fera l'objet d'une présentation lors du séminaire du RGORESS le 17 mai 2016 UFR LSH Ségalen UBO
[1]
L’enquête a été menée de Novembre 2015 à Mars 2016, en mobilisant l’analyse de
trois types de matériaux : l’exploitation d’une documentation de
présentation des pôles complétée par deux rapports d’évaluation ; la
conduite d’une enquête par questionnaire prolongée par des entretiens auprès
des responsables, salariés et élus, des pôles.
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