Au-delà du cri et de la fureur...

...le traitement institutionnel des vulnérabilités juvéniles.


Nous partons de l’idée que le traitement institutionnel des vulnérabilités juvéniles oscille au gré des alternances politiques entre une logique éducative de prévention, d’accompagnement et d’insertion fondée sur la compréhension et une logique répressive guidée par l’autorité, la contention, voire la rétention. Ces orientations différenciées du programme institutionnel suscitent la mobilisation d’acteurs, chercheurs, politiciens, juristes, qui luttent pour faire prévaloir dans l’espace publique l’un ou l’autre  des référentiels. Si nous déplaçons notre regard au niveau de la traduction opérationnelle de ces programmes institutionnels nous constatons qu’ils sont traversés par l’incertitude souvent, l’échec parfois,  la recherche de solutions innovantes fréquemment. Ainsi, les discours publics volontaristes occultent le désarroi des intervenants de première ligne face à des jeunes qui leurs apparaissent insaisissables, réfractaires, singuliers. Les multiples typologies énoncées pour caractériser les jeunes vulnérables tentent de montrer l’adhésion ou l’écart aux dispositifs institutionnels, les processus de décrochage social, qualifiés selon les auteurs par des concepts sociologiques insistant sur telle ou telle dimension de la vulnérabilité (désaffiliation, relégation, intégration inégale). Enfin, les démarches de recherche partenariale ou recherche-action, recherche par les pairs, associant acteurs et chercheurs vont permettre de dépasser une lecture surplombante et critique toujours nécessaire, pour développer une réflexivité critique de l’expérience partagée, donnant ainsi accès aux pratiques sociales et au sens que les acteurs leur attribuent. A partir de ce bref panorama, nous pouvons saisir le changement de l’intervention et des politiques sociales à plusieurs échelles et en déduire une posture de la sociologie qui serait à la fois critique, compréhensive et civique. Critique dans la conduite d’une analyse des politiques publiques et de leur transformation ; compréhensive lorsqu’il s’agit d’interroger les jeunes et les professionnels qui interviennent auprès d’eux ; civique lorsqu’il s’agit de conduire des démarches de recherche partenariale et participative impliquant une pluralité d’acteurs  afin de produire des connaissances sur les actions et d’envisager leur réforme ou  rénovation...

Penven Alain, « Au-delà du cri et de la fureur, le traitement institutionnel des vulnérabilités juvéniles », Empan, 2017/3 (n° 107), p. 133-138. DOI : 10.3917/empa.107.0133. URL : http://www.cairn.info/revue-empan-2017-3-page-133.htm

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