L'EMERGENCE D'UN TIERS SECTEUR SCIENTIFIQUE?

L’émergence d’un tiers secteur scientifique et la question de l’hybridation des savoirs

La notion de tiers secteur scientifique est récente, peu définie, cependant nous retenons pour nos  travaux une première approche qui sera par la suite étayée. Nous partons de l’idée que la notion de tiers secteur scientifique est une référence implicite au tiers secteur économique : l’économie sociale et solidaire. Par analogie nous pouvons retenir quelques principes structurants l’économie sociale et solidaire et en examiner la pertinence dans une démarche de développement scientifique : la dimension collective et la référence à la coopération, le respect de formes démocratiques, la réponse à des besoins sociaux, la capacité à présenter des alternatives aux modèles dominants. Dans notre conception première, le tiers secteur scientifique intègre à son projet l’hybridation des logiques et des savoirs dans une perspective d’appropriation sociale des connaissances. Le tiers secteur scientifique va en conséquence encourager la coopération entre les acteurs (les statuts, les disciplines), prendre en compte les logiques de la recherche comme les logiques de l’action, bref s’inscrire dans une démarche de renouvellement des méthodologies de la recherche-action. Le processus de recherche-action mobilise des acteurs et des chercheurs autour d’un objet de recherche commun opère une mise en tension de logiques diversifiées.

Nous pouvons définir la recherche-action coopérative comme un processus de recherche en sciences sociales donnant une large place à la prise en compte de l’expérience des acteurs dans l’analyse de pratiques concrètes (praxéologie), à l’implication des acteurs au processus d’objectivation et de formalisation (recherche impliquée) et enfin à la production d’un savoir utile dans l’action (recherche appliquée). La démarche de recherche-action en particulier, par son caractère praxéologique et coopératif, comporte une difficulté inhérente à la dynamique d’un groupe restreint qui doit construire, à partir de questions individuelles, une problématique commune. C’est une forme de passage du je au nous construite à partir d’un processus de maïeutique qui, par la formation de chaînages  interrogatifs, va permettre de dépasser les positionnements personnels pour construire une position collective négociée. La troisième dimension, enfin, le passage du nous au je, est une appropriation individuelle d’une production collective. Chacun, en fonction de ses centres d’intérêt, logiques, préoccupations, va mobiliser la recherche pour un usage propre : action publique, formation, recherche...

Nous pouvons définir la recherche-action coopérative comme un processus de recherche en sciences sociales donnant une large place à la prise en compte de l’expérience des acteurs dans l’analyse de pratiques concrètes (praxéologie), à l’implication des acteurs au processus d’objectivation et de formalisation (recherche impliquée) et enfin à la production d’un savoir utile dans l’action (recherche appliquée). La démarche de recherche-action en particulier, par son caractère praxéologique et coopératif, comporte une difficulté inhérente à la dynamique d’un groupe restreint qui doit construire, à partir de questions individuelles, une problématique commune. C’est une forme de passage du je au nous construite à partir d’un processus de maïeutique qui, par la formation de chaînages  interrogatifs, va permettre de dépasser les positionnements personnels pour construire une position collective négociée. La troisième dimension, enfin, le passage du nous au je, est une appropriation individuelle d’une production collective. Chacun, en fonction de ses centres d’intérêt, logiques, préoccupations, va mobiliser la recherche pour un usage propre : action publique, formation, recherche...

Nous pouvons définir la recherche-action coopérative comme un processus de recherche en sciences sociales donnant une large place à la prise en compte de l’expérience des acteurs dans l’analyse de pratiques concrètes (praxéologie), à l’implication des acteurs au processus d’objectivation et de formalisation (recherche impliquée) et enfin à la production d’un savoir utile dans l’action (recherche appliquée). La démarche de recherche-action en particulier, par son caractère praxéologique et coopératif, comporte une difficulté inhérente à la dynamique d’un groupe restreint qui doit construire, à partir de questions individuelles, une problématique commune. C’est une forme de passage du je au nous construite à partir d’un processus de maïeutique qui, par la formation de chaînages  interrogatifs, va permettre de dépasser les positionnements personnels pour construire une position collective négociée. La troisième dimension, enfin, le passage du nous au je, est une appropriation individuelle d’une production collective. Chacun, en fonction de ses centres d’intérêt, logiques, préoccupations, va mobiliser la recherche pour un usage propre : action publique, formation, recherche...

Dans la tradition de l’éducation populaire et de l’éducation permanente et en référence notamment aux travaux de Paolo FREIRE et aussi de Gaston PINEAU et Pascal GALVANI[1], nous pensons que les savoirs formalisés et constitués en disciplines et bénéficiant d’une légitimité institutionnelle ne suffisent pas à appréhender la complexité du réel. Ils n’offrent pas suffisamment aux acteurs les ressources nécessaires à la compréhension de leur condition. Aux côtés de ces savoirs utiles pour l’éducation, la formation et l’action, il existe d’autres formes de savoirs issus de l’analyse réflexive des pratiques et des savoirs expérientiels révélés et structurés par la conscientisation et la maïeutique. La démarche de recherche collective intègre à son projet cette pluralité des formes du savoir en mobilisant, en fonction des nécessités et des opportunités, l’approche biographique, l’analyse des pratiques, la mobilisation ciblée de savoirs disciplinaires. C’est une démarche pédagogique qui s’inscrit dans la tradition des universités ouvertes et populaires. La formation d'un système d'acteurs en interaction autour d'un objet social est propice à la fertilisation croisée des savoirs et à la mise en oeuvre d'une alternance formative. Cette alternance des savoirs (savoirs académiques, savoirs d'action, savoirs expérientiels et existentiels) provoque une intercompréhension et une hybridation des pratiques.

Ensuite, nous considérons que les acteurs développent des logiques d'actions plurielles et les justifient en référence à des principes et des valeurs. La confrontation de ces logiques et référentiels dans l’expérimentation fait l'objet de tensions, controverses et d'accords issus des compromis nécessaires à la poursuite du travail et à sa consolidation. En s’intéressant aux conditions de production de la science, Michel CALLON et Bruno LATOUR[2] (laboratoire de sociologie de l’innovation, Ecole des Mines) ont développé une approche qui se situe en rupture avec les positions épistémologiques classiques ou encore avec l’analyse sociologique des enjeux scientifiques. Ils considèrent que la légitimité des faits scientifiques n’est pas exclusivement déterminée par leurs qualités intrinsèques et les conditions internes de leur production mais dépendent de la solidité, la cohérence et la reconnaissance des réseaux socio-techniques (hommes et objets) qui les produisent et les portent. Ils définissent une théorie de la détermination des faits scientifiques fondée sur les concepts de réseau, de traduction, de controverse et de symétrie. De plus, ils proposent une méthode d’analyse des réseaux. Selon ces auteurs le réseau est une méta-organisation qui associe des humains et des non-humains, des objets, mis en intermédiaires les uns avec les autres. L’identification et l’analyse d’un réseau nécessitent la prise en compte des «actants», acteurs et objets, et leurs relations. La mise en relation des acteurs et des objets s’accompagne d’une opération de traduction qui permet de relier les énoncés et les enjeux et qui assure des liens entre des entités hétérogènes afin de rendre le réseau intelligible. La controverse qui naît de la confrontation des idées et des logiques est à l’origine de la formation de faits scientifiques ou d’innovations. La sociologie de la traduction va s’intéresser aux conditions d’émergence des controverses et aux conditions de production d’accords entre les acteurs ce qui stabilise et légitime le fait scientifique et ouvre la voie à l’innovation. Une dialectique s’instaure entre le fait et le réseau. La reconnaissance du fait est liée à son encrage dans un réseau et à la consistance de ce réseau. En retenant un principe de symétrie entre les sujets et les objets, cette approche remet en cause la distance entre science et non-science.

Présentation du programme La fabrique du social, expérimentation et innovation sociale : www.lafabriquedusocial.fr



[1] Paolo FREIRE, Pédagogie de l’opprimé, Maspéro, 1977 ; Recherche-action ATD Quart Monde  / Université ; Pascal GALVANI, Fertilisation croisée des savoirs et ingénierie d’alternance socio-formative, RFP, 128, 1999.
[2] Bruno LATOUR, La science en action, La Découverte, 1989 ; Michel CALLON, Pierre LASCOUMES, Yves BARTHES, Agir dans un monde incertain, Seuil, 2001

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